Moutons et chauve-souris

Publié le par M. AFRYC

 
Ici, à Porto Novo, une chauve-souris visite quotidiennement l'appartement ; je crois qu'elle vient explorer les pièces pour rassembler les pensées sombres ou tristes et les emmener au loin pour nous laisser vivre en paix, comme le berger rassemble ses bêtes et les ramène à la bergerie.  Fassent les dieux qu'elle nous délivre aussi de cette pollution sonore !
Mais on ne l’aime pas, elle qui n'est qu'humble servante attachée à nous débarrasser d'importuns insectes ou songes !  L’homme tue ce qui lui fait peur, Robert a tué la chauve-souris ; meurtre gratuit d’une amitié naissante ; ah, la peur !
 
Certains poussins sont teints en une sorte de magenta, il paraît que c'est pour dissuader les éperviers !  Les poussins et leur mère s'en moquent bien semble-t-il.
 
Veille de Tabaski, le mouton qu'on ne veut pas acheter sur place vient de plus loin, à moto, l'arrière train calé sur le guidon, une corne maintenue par le passager, d'autres voyagent sur le ventre en travers des genoux du passager, tête au vent et jambes ballantes une seule patte maintenue par le propriétaire, d'autres encore ficelés sur le toit tête pendante et paraissant plus morts que vifs !  Un vaste panier sur une voiture garni de poulets serrés à crever, le cou tendu et le bec ouvert pour cueillir telle goutte d'eau qui se pourrait trouver encore dans l'air !  Après un tel traitement le disgracieux bêlement (si douloureux à entendre pour nous, cœurs tendres), n’est peut-être qu’un « ouf » de soulagement, «enfin !».
 
Une autre veille de Tabaski, revenant de Saint Louis vers Dakar dans un neuf places, j’ai été copieusement arrosé, j’avais vu des bidons d’eau sur le toit et je pensais que l’un d'eux s’était ouvert mais le voisin moulinait sévèrement pour que je remonte la vitre, quand le bruit du vent eut cessé il m’expliqua qu’un « bêeêh-bêh » était sur le toit ; à l’arrivée je découvris effectivement un gros bélier emmailloté dans un filet et je sus alors que j’avais été baptisé par lui !
 
Autour de "l'arbre dont on ne sait pas le nom mais dont les feuilles font les délices des moutons", au soir, tourne une chauve-souris ; elle virevolte au ras du balcon, elle surpasse les hirondelles en voltige et virages sur place. Le tohu-bohu de la buvette d’en face ne la perturbe pas. Cet arbre ajoute chaque jour une feuille à chaque bout de branche ou de rameau.

Publié dans carte postale

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M
Il faut dire aussi que la chauve-sourie, n'est ni souris, ni oiseau (et même pas chauve en plus !)<br /> Mais comme un loup-garou et comme tout ce qui n'est pas net et classable ad vitam aeternam, la peur fait office de corbeille - voire de poubelle. A+
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