Délestage,

Publié le par M. AFRYC

Les lampes se sont éteintes !  Tout à côté, vibrant ce mur, empuantissant l’air, un moteur s’est mis à mugir, sans modulation, accélérateur à fond !  C’est une coupure et le générateur du très riche voisin s’est mis en route pour alimenter je ne sais quelle installation, chez lui, de l’autre côté de son mur d’enceinte ; la machine qui pollue l’air et nous tympanise, n’est pas chez lui, et le courant qu’elle produit n’est que pour lui, pas même un watt aux voisins pour les aider à supporter la gêne de ce voisinage.  (Ah ! que d’envies de sabotage ont fourmillé mes mains ce dimanche !  Ah si !  Si j’étais plus jeune, plus grand, moins repérable surtout, je sais bien l’usage que j’aurais fait de certaine patate !)

Les riches (très ou suffisamment ou feignant de l’être) sont équipés de climatiseurs aussi bien que de machines à glaçons ; d’autres se contentent de ventilateurs ou bien ouvrent leurs ouïes, font des courants d’air, se servent d’éventails !  Il faut bien aussi illuminer les trous et bosses de la vons et aussi, chez eux, les végétaux, dalles et podiums où chantent les crapauds et les paons !  Ces machines, ces tubes et spots consomment goulûment de cette énergie que le pays achète et, dit-on, peine à payer d’où ces délestages intempestifs ou programmés !  Les riches, bien évidemment ne sont pas gênés puisqu’ils peuvent s’offrir des générateurs pour ne pas souffrir de la gêne dont ils sont cause !

Mais que de pollution surajoutée !   Un moteur de camion couplé à un alternateur et tournant à plein régime dans un local en béton n’a rien à voir avec un groupe électrogène moderne ; l’avarice en décibels n’existe pas et le pot d’échappement crachant dans la vons, presque sous ma fenêtre donne une couleur et une odeur à ces sons, jusque dans cette pièce rendue infernale et que je fuis alors !  Rares sont les engins ayant une conformité avec un règlement quelconque et plus rares encore ceux qui seraient acceptés en Europe !  Mais il faut encore parler de la pollution engendrée par les bougies, je doute que leur fabrication se fasse sans dépense d’énergie et leur éclairage fumeux vaut quelques pets de moustiques ; et aussi les lampes à pétroles fumant une denrée frelatée, non raffinée et, pétrole ‘lampant’, qu’est-ce donc ?

Quand on leur ajoute les coupures d’eau, sans raison apparente, on peut s’interroger sur les véritables raisons de ces privations et empêchements de jouir paisiblement des jours.  L’incapacité à prévoir cette gêne, son arrivée comme sa durée, cette menace permanente, génère un climat d’incertitude, de dépendance, de sujétion s’exprimant par l’axiome « nous sommes sous-développés, cela justifie ces privations que vous subissez ! » mais aussi « nous avons pouvoir sur vous, nous pouvons vous pourrir la vie ! » (N’était-c e pas le message de ces brèves coupures en début de soirées de ces fêtes de fin d’année ?)

Les gens pourraient se révolter, dire que c’est assez et qu’il faut en finir avec ce règne là, mais ce n’est pas facile et il est infiniment plus confortable de se complaire dans ces incommodités, dans le confort d’une veulerie souriante.  Puisque tu n’y peux rien…  et puis, pour ne pas entendre le bruit qui te gêne, il te suffit de monter le son de ton poste… !

Un pays peut être sous développé par rapport à d’autres pays ; cette appréciation ne s’applique qu’à un développement économique !  Par contre, lorsque l’on dit « nous sommes sous-développés », c’est tout notre potentiel humain qui est concerné ; ce n’est pas seulement la guimbarde que nous utilisons qui est en cause mais notre capacité même à l’évaluer dans sa réalité de « sauvée des poubelles de pays développés » ; c’est se ranger parmi les attardés mentaux, les déficients moteurs-cérébraux…  

A qui profite donc tout acte visant à démontrer le sous développement d’un pays sinon à la super puissance économique mondialisée, et à qui profite donc la mise en subordination d’un peuple à la notion qu’il est sous-développé (et donc excusé d’office car ce n’est pas de sa faute si…) et a donc besoin d’être encadré, aidé ?  Des dirigeants soumis à l’autorité mondialisée des financiers…  vrais acteurs manœuvrant les ficelles des marionnettes politiques.

Publié dans Humeur

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article