A bon chat, bon rat

Assis sur un muret, un garçon me fait signe de venir ; il a à me dire et aussi à me demander si je veux manger de « ça », un rat qu’il sort de sa poche et tripote.  
La pauvre bête semble être passée dans un broyeur tant tout est disloqué et ballant…  un autre garçon s’occupe bientôt de la cuire sur un  feu puant de déchets variés, une fois les poils brûlés et la peau roussie, il étripaille l’animal, cueillant au passage des fragments rosâtres et chiquenaudant des bouts d’intestins vers un ailleurs aléatoire, un peu d’eau tirée d’un seau pour laver, encore un peu de cuisson et l’on s’éparpille….   Comme des poules courant derrière celle qui a  qui court devant !

Une autre fois, un défricheur de parcelle a mis un garçon en faction (sans rire, il s’appelle Ibou !), armé d’un bâton il attend les rats fuyant le feu ou la machette.  « Encore un ! » et l’on s’agite et frappe le sol ; un petit tas de fourrures fauve grandit un peu ! 

Ce sont des rats moyens, 30 cm avec la queue, rien à voir avec le spécimen tué dans une parcelle voisine et qui en mesurait bien le double ; le cadavre passait de main en main et chacun y allait de son coup comme pour s’affirmer tueur de rat, pouvoir dire « j’étais là ! ». 
Et l’on fouillait la parcelle à la recherche de son pendant, remuant les pierres et les briques, les débris divers, infiltrant les mains dans le moindre trou… 
Quels étourdis, un rat de cette taille a des dents en proportion et qui couperaient bien un doigt !   Même, un trou peut abriter bien d’autres dangers, du tesson au serpent en passant par toute la gamme des arachnides et autres scolopendres…