La dernière pluie,
J'en ai vu bien d'autres déjà mais celle-ci fut particulière. Des gouttes éparses m'avaient fait accélérer le pas et j'étais au cyber lorsque la pluie, la vraie pluie, a commencé. Des gouttes de plus en plus grosses éclatant sur le perron ; des gouttes de plus en plus pressées qui deviennent eau pareille à celle jetée d'un seau ; de l'eau sans gouttes comme d'un fleuve coulant du ciel à ce coin de terre.
Puis, cela redevient pluie en gouttes serrées et puis gouttes et vapeur montant du sol. Et cela recommence et le fleuve revient.
Je vois cela par la porte, je vois les palmiers disparaître de l'autre côté de la route et les motards abandonner leurs engins et venir se réfugier sous l'auvent et jusque dans cet accueillant espace (occasion de voir ce qui se dit sur le net, par-dessus les épaules des clavardeurs...) ; cela dégoutte, dégouline et flaque !
Et puis ce fut fini ! Et alors, vrombissant de nouveau, les motos ont envahi la route et ce fut deux murailles, deux chaînes bruyantes et infranchissables entrecoupées de camions et de voitures ; bien fou celui qui aurait tenté la traversée !
Mais ce ne fut fini que pour ce moment là !
Quand j'ai pu traverser et trouver un taxi pour aller à ma course, j'étais presque revenu à la maison et mes lunettes étaient embuées des larmes du temps ; à peine reparti, les essuies glace ont été à la peine, pluie à l'arrière par les vitres qui ferment mal ! Et, tout soudainement, grand soleil sur la place où j'allais !
Au retour, alternance encore de pluie et de sec, vitres fermées le taxi devient une étuve humide, il faut ouvrir pour chasser la buée, accueillir la pluie ou l'air humide !
Enfin, de retour derrière ma vitre, je regarde le ciel s'épancher sans se vider ; du linge mis à sécher sur un toit voisin s'accorde un rinçage supplémentaire ; l'eau des vons se mêle à l'eau des cours, certains seuils sont sous l'eau de même que les gués de fortunes. Des ruisseaux irisés coulent un peu partout abreuvés par l'eau saturée de carburants et de suies... Tout finit là où l'eau stagne, cela restera dans le sol où quelqu'un plantera peut-être une tomate, un manioc, où grattent et mangent les poulets ; et la monnaie sera rendue à l'homme dans l'eau de son puits !